Lettre 5

Lundi 10 novembre 2008
Paris, France

Demain, voici ce qui m'attend : 40 heures de vol effectif ! Une semaine de voyage en avion, moi qui ai horreur de ça ! Mais c'est le prix à payer pour rejoindre une des zones les plus reculées au monde et vivre une expérience hors du commun que j'attends maintenant depuis bien longtemps...
Je suis le deuxième de la mission à rejoindre la base. Je retrouverai à mon arrivée Laura, glaciologue et chimiste italienne qui est arrivée sur place hier : elle a effectué le premier vol vers la base, rompant ainsi les 9 mois et demi d'isolement de la 4ème mission et mettant fin à leur hivernage. Le reste de l'équipe d'hivernage dont je fais parti arrivera en décembre. Nous les attendrons avec impatience !

Il existe deux moyens d'atteindre l'Antarctique : par voie maritime (navires polaires) et aérienne (avions spécifiques munis de skis). Cette année, 11 des 12 membres de la 5ème mission à Concordia se rendront sur base en avion.

Le trajet se fait en trois étapes :

• Paris - Honk-Kong (Chine), 13h de vol. Escale.
  Hong-Kong - Auckland (Nouvelle Zélande), 11h de vol. Escale.
  Auckland - Christhurch (Nouvelle Zélande), 1h de vol. Escale.
  
  Un premier vol commercial classique, de Paris vers la Nouvelle-Zélande, permet de rejoindre la ville de Christchurch. Elle abrite une base américaine qui assure la logistique aérienne en direction des côtes antarctiques : vers la base US Mc Murdo, la plus grosse plateforme logistique de tout le continent, située au sud de l'île de Ross, entre la Terre Victoria et la côte Hilary.
  
  
• Christchurch - Base Mc Murdo ou Mario Zucchelli (Antarctique), 8h de vol. Escale.
  
  Ce vol particulier se fait à bord d'un avion militaire américain Hercules C130. Jusqu'à début 2008, c'était le seul gros porteur capable d'atteindre l'Antarctique. Depuis le début de l'année, les australiens peuvent d'atterrir à l'aide d'avions Airbus commerciaux sur la base Casey. L'Hercules mettra 8h à atteindre la base Mc Murdo, située à 3800 km de Christchurch. L'avion n'ayant pas les réserves suffisantes de carburant pour effectuer l'aller et retour sans se poser, à mi-parcours il atteint un point de non retour. Le pilote s'assure que le temps à destination permette un aterrissage en toute sécurité. Deux destinations sont possibles : la base permanente Mc Murdo ou la base côtière italienne Mario Zucchelli, ouverte seulement l'été, à 300 km de la base américaine. Si à l'une des deux destinations le temps est mauvais, le pilote fera demi-tour... Les passagers peuvent ainsi attendre plusieurs jours, sur le qui-vive, sans savoir vraiment si à chaque décollage ils parviendront à destination !
  
  
• Base Mc Murdo ou Mario Zucchelli - Concordia, 6h de vol. Arrivée.
  
  La dernière étape du voyage. Habituellement ce trajet se fait à bord d'un twinotter : petit bimoteur canadien muni de skis piloté par des chevronnés de la même nationalité. Cette année, nous voyagerons à bord d'un DC3, qui effectue une rotation aérienne entre la base Mc Murdo et MarioZucchelli, Concordia et Dumont d'Urville. Cet avion militaire américain développé à la veille de la seconde guerre mondiale, est d'une taille légèrement supérieure au twinotter. Adapté pour atterrir sur la glace, il nous emmènera enfin à destination !

Les principaux points utilisés par la logistique antarctique française

Caroline est la seule membre de la mission à rejoindre la station par un autre moyen. C'est la deuxième voie que les français utilisent pour arriver à Concordia. Après un vol commercial classique jusqu'en Tasmanie à Hobart au sud de l'Australie, une semaine de bateau à bord du navire polaire français l'Astrolabe est nécessaire pour accomplir les 2700 km qui sépare l'Australie de la base côtière permanente française Dumont d'Urville. De là, à 10km à l'intérieur du continent antarctique, la glace est damée pour former une piste qui permet au twinotter ou au DC3 de rejoindre la station franco-italienne.

Souhaitez-nous un bon hivernage !...