De la première navigation circumpolaire antarctique à la conquête du pôle sud, découvrez ici les pionniers qui ont tenté d’affronter l’Antarctique. Si les revendications territoriales étaient une priorité lors des premières explorations, la science y avait aussi une place prépondérante. De nombreuses expéditions ont sillonné le Grand Sud et nombre d'entre elles ne sont pas revenues au complet voire ne sont jamais revenues.
James COOK (1728-1779)
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James COOK (1728-1779)
Navigateur exceptionnel, James Cook s’illustre tout d’abord pendant la guerre des Amériques contre les Français à Québec, où ses talents de cartographes permettent aux britanniques de mieux exploiter les possibilités du terrain et de dominer la bataille, décisive.
La montée en puissance de l’explorateur se fait alors rapidement et en 1772 il lance ses 2 navires, le Resolution et l’Adventure vers les mers du sud, quasiment inexplorées à l’époque. Cook embarque notamment de nombreux aliments antiscorbutiques, une innovation à l’époque où cette maladie, due au manque de vitamine C, décime les équipages des expéditions au long court. Le 17 Janvier 1773 il est le premier à passer le cercle polaire antarctique, à hauteur des Terres de la Reine Maud. Il tente alors plusieurs fois de franchir le pack mais sans succès, aucun débarquement ne sera réalisé. Il fait alors route vers la Nouvelle Zélande durant la période hivernale et regagne les côtes antarctiques en Janvier 1774. Il effectue alors un vaste détour au large de la mer de Ross et remonte par la péninsule, ce qui lui permet de découvrir la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du sud. Il est ainsi le premier navigateur à effectuer un tour complet du continent Antarctique. A son retour il est littéralement couvert de récompenses et court de dîners en banquets, dont il se lasse vite pour reprendre une expédition en 1776.
L’objectif est cette fois-ci le passage du Nord Ouest aux portes de l’Arctique. Il fait étape dans l’océan indien et déclare les Kerguelen territoire britannique, en confirmant au passage qu’il ne s’agit que d’une île nullement rattachée à un quelconque continent. Il baptise également les îles du Prince Edouard. La fin est moins glorieuse et son expédition dans le nord est un semi échec, mais il démontre toutefois la non jonction des continents asiatiques et nord américains. Les navires regagnent Hawaii et Cook perd la vie lors d’une escarmouche entre les autochtones et son équipage.
Faddei Faddeievitch BELLINGSHAUSEN (1778-1852)
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Faddei Faddeievitch BELLINGSHAUSEN (1778-1852)
Engagé dans la marine russe depuis ses 10 ans, Bellingshausen est appelé en 1819 à prendre la tête d’une expédition pour compléter les découvertes australes de Cook faites quelques 45 ans plus tôt. Deux navires sont affrétés : le Vostok et le Mirnyi. Les bateaux font alors route vers la Géorgie du Sud et découvrent l’archipel de Traversay en janvier 1820. L’expédition poursuit vers le sud-est et arrive probablement en vue du continent le 27 janvier 1820 mais rien n’est consigné dans leurs archives, Palmer sera donc le découvreur officiel du Grand Continent Blanc. Ils font désormais route vers Sydney qu’ils quittent en Novembre 1820 pour longer le cercle polaire, au large. Deux îles sont alors découvertes : l’île Pierre 1er et l’île Alexandre, dans la mer qui sera baptisée du nom de Bellingshausen. L’explorateur pense alors avoir découvert le continent qu’il aperçoit sans y débarquer. Palmer l’a devancé malgré lui et est donc le découvreur officiel du continent. La découverte, d’importance majeur, est accueillie avec retard en Russie où Bellingshausen est nommé amiral. Il terminera sa carrière comme gouverneur de la ville de Kronstadt.
James WEDDELL (1787-1834)
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James WEDDELL (1787-1834)
A la suite de William Smith, Weddell file pour la troisième fois vers les Shetlands du sud en 1823 sur son brick phoquier, le Jane, à la chasse aux pinnipèdes. Après avoir fait étape dans les îles Orcades du sud, il poursuit sa route et passe le cercle polaire le 11 février 1823. Son équipage a alors beaucoup souffert de plusieurs coups de vents successifs, et est physiquement éprouvé. La météo devient soudainement plus clémente et une vaste étendue d’eau sans glace couvre l’horizon. Ne voyant aucune terre plus au sud, la mer ainsi découverte est appelée mer du roi Georges IV. Elle porte aujourd’hui son nom.
Weddell fait demi tour afin d’éviter les rigueurs de l’hiver antarctique et fera un rapport très détaillée de son voyage, en Angleterre à son retour. En 1829 le navire de Weddell heurte des roches aux Açores, Weddell est sauvé de justesse. Il meurt en 1834 à Londres, dans la pauvreté.
Charles WILKES (1798-1877)
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Charles WILKES (1798-1877)
Il s’agit du premier explorateur antarctique américain. Une expédition est montée par le gouvernement américain en 1836 et Wilkes est sélectionné pour en prendre la tête. Officier de la Navy, Wilkes est un homme expérimenté à la réputation rigoureuse.
Les 6 navires de l’expédition appareillent des côtes de la Virginie en août 1838. Le voyage a pour étapes l’Amérique du sud, les îles Shetlands du sud puis Sidney après une traversée du Pacifique sud. Le trajet est assez anarchique et les navires se perdent quand ils ne sont pas en avarie. Une fois en Australie, l’expédition gagne le sud et croise les 2 navires de Dumont d’Urville le 30 janvier 1840, au large de la Terre Adélie. Aucun contact n’est établi, certain prétendent que la rivalité entre les deux explorateurs est telle qu’ils ne daignent pas se rencontrer, d’autres avancent plutôt que les navires se sont mal compris à causes de signaux erronés.
Son escadre se sépare et longe alors l’intégralité de la côte antarctique est, des îles Balleny à la plateforme glaciaire Shackleton, soit 1500 miles nautiques de côtes. La majeure partie de cette zone, revendiquée par les Etats-Unis d’Amériques, porte aujourd’hui son nom. A son retour Wilkes passe en cour martiale, ses méthodes de commandement trop dures ont entrainé la mort de 15 hommes et la désertion de 42 autres. La véracité de ses découvertes est également remise en cause, notamment par James Clark Ross. Ce dernier point ne sera finalement pas retenu contre lui. Après quelques déboires alors qu’il sert l’armée du Potomac pendant la guerre de sécession, Wilkes repasse en cour martiale pour insubordination et sera finalement suspendu 1an. Il finira contre-amiral et il est aujourd’hui enterré au cimetière américain d’Arlington. Wilkes aura été le premier navigateur polaire à affirmer l’existence du continent Antarctique.
Nathaniel PALMER (1799-1877)
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Nathaniel PALMER (1799-1877)
Palmer est engagé dès son adolescence sur des navires marchands. A 20 ans il enchaîne les voyages dans les îles subantarctiques fraîchement découvertes à la pointe de l’Amérique du sud. L’objectif est de ramener un maximum de peaux et d’huile de pinnipèdes. En 1820 Palmer est à la tête du petit Hero, et file plein sud. Il aperçoit alors la péninsule antarctique, extrémité nord du continent. Il retourne dans le même secteur en 1821 afin de confirmer sa découverte pendant sa campagne de chasse. Son jugement est sans appel et il s’agit bien là du continent qu’il est d’ailleurs le premier homme à fouler officiellement. A son retour les anglais et les russes dénigrent ses affirmations. Plus tard, accompagné d’un navire anglais, Palmer découvre les Orcades du sud mais délaisse la territorialité à la couronne britannique, l’archipel n’abritant que très peu de phoques. Il délaissera plus tard ses activités phoquières pour du commerce sur la côte américaine. La péninsule antarctique porte aujourd’hui son nom sur les cartes américaines, ce qui n’est pas le cas du reste du monde qui lui attribue généralement l’appellation « Terre de Graham ».
James Clark ROSS (1800-1862)
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James Clark ROSS (1800-1862)
Ross est un écossais endurci qui a grandi dans le monde de la navigation au long court. Dès ses 18 ans il se joint à une expédition en Arctique, destination le passage du Nord Ouest. Puis il hiverne 4 années consécutives, de 1829 à 1834, dans les territoires du nord-est canadien.
Fort de cette expérience, il met le cap vers le sud en 1839, à la tête de l’Erebus et du Terror. L’Ecossais s’entoure de scientifiques et passe 2 mois à étudier l’archipel des Kerguelen. Les 2 navires font ensuite route vers l’Australie où ils ont établis un camp de base puis mettent le cap sur l’Antarctique en novembre 1840. Ross s’avance alors dans une mer à laquelle il donne son nom. La banquise permanente et le pack dérivant empêchent tout débarquement, et l’expédition se trouve bloquée à l’entrée du détroit de Mc Murdo. Les sommets et îles alentours sont baptisés et localisés sans pouvoir être explorés. Deux autres voyages suivront (un en mer de Weddell, un autre en mer de Ross), toujours au départ de Hobart, en Tasmanie. Après avoir cartographié plus de 1000 km de côte, Ross regagne la Grande-Bretagne le 2 Septembre 1843, 4 ans après son départ. Il effectuera ses dernières expéditions en Arctique, à la recherche des navires de John Franklin et du passage du Nord Ouest. Il en reviendra physiquement éprouvé. Il décèdera sur le sol britannique en 1862.
Carsten Egeberg BORCHGREVINK (1864-1934)
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Carsten Egeberg BORCHGREVINK (1864-1934)
A la suite d’un imbroglio financier et technique à bord d’un baleinier norvégien, l’Antarctic, Borchgrevink se retrouve embauché à bord sur les quais de Melbourne où il vit en tant qu’immigré. Le baleinier se dirige alors vers l’Antarctique dont il atteint la côte le 24 janvier 1895, au Cap Adare. Les hommes du navire sont alors les premiers à poser le pied sur cette partie du continent, s’ensuit alors une empoignade pathétique pour savoir qui a été le premier de l’équipage à y parvenir, il semble que ce soit d’ailleurs Borchgrevink. A son retour l’Australo-norvégien entreprend d’hiverner en Antarctique, il parvient à convaincre quelques partenaires financiers et quitte Londres en août 1898 à bord du Southern Cross. Le « Camp Ridley » est établi en février 1899, au Cap Adare et 10 hommes entament alors le premier hivernage officiel sur le Grand Continent Blanc. Durant l’hiver de nombreuses expéditions sont menées, notamment à l’intérieur du continent où des distances d’exploration record sont atteintes. L’un des scientifiques, Hanson, décède durant l’hivernage. Après cette première polaire Borchgrevink retourne s’installer en Norvège où il décède en 1934, dans l’oubli et la misère. La communauté polaire le réhabilitera après son décès, à l’occasion de l’analyse de ses découvertes.
Robert Falcon SCOTT (1868-1912)
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Robert Falcon SCOTT (1868-1912)
Érigé en véritable héro en Grande Bretagne, Scott est une figure incontournable de l’exploration polaire. Ses expéditions sont toujours un véritable triomphe de la volonté sur la condition physique et climatique. Après 20 ans passés à gravir les échelons dans la marine, Scott est envoyé en Antarctique, sans aucune expérience polaire, mais accompagné d’hommes connaissant déjà (pour certains) les contrées du Grand Sud. Sa première expédition (1901) commence à bord du Discovery, accompagné entre autres d’Ernest Shackleton et d’Edward Wilson le célèbre biologiste. Destination la mer de Ross et le détroit de McMurdo où ils passeront deux hivers consécutifs. Durant cette période, différentes expéditions explorerons la côte et l’intérieur du continent, Scott arrivera à 600 km du pôle sud (une première) mais fera demi tour, notamment à cause du manque de réserves alimentaires. Il retourne dans le même secteur en 1910, à bord cette fois ci du Terra Nova, l’objectif affiché est de vaincre définitivement le pôle. Il apprend durant son trajet en mer qu’Amundsen relève également le défi, la course au pôle est donc clairement engagée.
Le premier hiver est consacré à la préparation de l’expédition, qui fonctionnera sur le principe des dépôts. Scott a fait le pari d’utiliser des poneys Mandchous et de Sibérie pour tracter ses traîneaux. Ce choix s’avérera être une erreur dès le début, certains des animaux succombant aux conditions dès les premiers raids, dans des conditions souvent atroces. Trois hommes sont également envoyés chercher des œufs de Manchot empereur à la seule colonie alors connue à l’époque, celle du Cap Crozier. Après 5 semaines épouvantables de bivouac par -60°C et dans le noir absolu de l’hiver antarctique, Cherry-Garrard écrira « le pire voyage au monde ». L’expédition ramènera trois précieux œufs. Le 24 octobre 1911, Scott lance son expédition vers le pôle. Il atteint celui-ci le 12 janvier 1912 avec ses quatre compagnons, et y découvre avec effroi le drapeau Norvégien : Amundsen a gagné la course et est le premier homme à avoir atteint le pôle sud. Le moral miné, l’équipe de Scott n’a plus la force mentale d’affronter les conditions éprouvantes du continent. Sur la route du retour les hommes tombent les uns après les autres. L’un deux, Oates, a les deux pieds gelés et le soir de ses 32 ans, quitte la tente en disant « I’m just going outside, I may be away sometimes », il ne reviendra pas. Son sacrifice, destiné à laisser ses rations aux survivants, ne suffira pas. Les trois derniers survivants meurent de froid et de faim dans leur tente, le 29 mars 1912 au soir. Leurs corps, ainsi que le journal de Scott, seront retrouvés, intacts, en Novembre de la même année. L’échec de Scott est terrible, mais sa mort et sa lutte constante pour la réussite le rendent presque plus célèbre que le froid Roald Amundsen, dont ce sera le second et dernier voyage en Antarctique.
Roald Gravning AMUNDSEN (1872-1928)
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Roald Gravning AMUNDSEN (1872-1928)
Jeune, Amundsen se destine à la médecine puis se réoriente vers la navigation. Il fera ses premières armes en terre polaire avec l’équipage belge de Guerlach. Comme tous les norvégiens de son époque, c’est un excellent navigateur, doublé de sens de l’observation et de la pratique très pointus, que son apparence dissimule au mieux. Les hommes se Scott, son rival dans la course au pôle, le sous estimeront à tort.
Amundsen achète le Gjoa, navire minuscule mais solide et part en 1903 vers le Grand Nord canadien avec pour objectif la découverte du passage du Nord Ouest. Il hiverne deux années de suite à l’extrême nord du Canada puis reprend sa route vers l’ouest. Le 30 août 1906, le Gjoa croise dans le détroit de Béring, Amundsen a réussi son pari à bord son petit navire et a vaincu le passage du Nord Ouest, après que des générations de marins s’y soient cassées les dents. Son prochain objectif est alors le pôle nord. Les préparatifs sont longs et, alors qu’il équipe son nouveau navire, le Fram, dont de l’explorateur Nansen, il apprend que deux expéditions américaines différentes viennent d’atteindre le pôle nord. Amundsen ne bronche pas et garde son objectif, même s’il ne sera plus le premier et il appareille le 6 juin 1910 d’Oslo. Revirement total de situation un mois plus tard, alors que le navire, qui embarque 17 hommes et 97 chiens, fait route vers le nord, Amundsen décide soudainement de partir à la conquête du Pôle sud, que personne n’a encore atteint. Une base hivernale est érigée dans la Baie des baleines, plus proche du pôle de 100km que la base de son rival Scott. À la fin de l’hiver, le 8 septembre 1911, les norvégiens font une première tentative vers le pôle mais les conditions sont encore trop hivernales et les températures trop basses. Ils font demi-tour. Un mois plus tard un nouvel essai est tenté. Amundsen repart avec ses chiens et quatre hommes. Le 14 décembre 1911 le drapeau norvégien flotte au pôle sud, au cœur du continent Antarctique. C’est un succès absolu. L’équipe repart et abat ses chiens durant le retour pour nourrir les hommes et les chiens qui restent en vie. La méthode (dite scandinave), prévue et calculée, est froide mais efficace. Un mois plus tard, Scott et ses hommes atterrés découvriront qu’ils ont perdu la course, ils décèderont tous dans d’effroyables conditions sur la route du retour.
Le Pôle sud vaincu, Amundsen se tourne désormais vers ses projets en Arctique, fort de son expérience et d’un budget plus confortable. Son objectif est de se laisser prendre dans les glaces afin de dériver et d’atteindre le pôle nord, comme son mentor, Fridjof Nansen, l’a déjà vainement tenté. Après deux tentatives à bord de son rutilant Maud, force est d’admettre que les expéditions sont des échecs complets. L’objectif est toujours le Nord, et faute de l’atteindre en bateau, Amundsen décide de l’atteindre en avion. Deux appareils décollent du Spitzberg en mai 1925 mais des avaries les forcent à atterrir sur la banquise. Après 24 jours de réparation, ils redécollent et font demi-tour. Obnubilé par le pôle nord, Amundsen passe cette fois-ci à un autre moyen de locomotion : le dirigeable. C’est enfin un succès et le 12 mai 1926 le dirigeable Norge survole le pôle nord.
Amundsen disparaitra en Arctique en mai 1928, il tente alors de porter secours à Nobile parti vers le pôle à bord d’un autre dirigeable. Le Norvégien a réussi là où de nombreux explorateurs ont essuyé un échec, durant des décennies, et toujours avec des moyens modestes, sa célébrité aujourd’hui n’est pourtant pas à la hauteur de son œuvre titanesque. Cette lacune s’explique peut-être par le fait qu’Amundsen ne privilégie pas la science dans ses découvertes, à l’inverse d’un Scott ou d’un Shackleton, dont les exploits sont toujours doublés d’un apport scientifique conséquent.
Ernest SHACKLETON (1874-1922)
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Ernest SHACKLETON (1874-1922)
Cap-hornier dès son adolescence, Shackleton vit sa première expérience antarctique aux côtés de Robert Falcon Scott, en 1901, dans le détroit de McMurdo. Une première expédition composée de Shackleton, Scott et Wilson tente d’atteindre le pôle sud mais s’arrêtera finalement à 82°16’5 S. Le manque de vivres en est la raison principale. La santé de tous les membres de l’expédition est défaillante, le scorbut sévit, et Shackleton est particulièrement touché. Il sera rapatrié à la fin de l’hiver.
L’anglais vit mal son échec au point de monter sa propre expédition. Il part en 1907 à bord du Nimrod, notamment accompagné de Douglas Mawson, qui en est à ses premiers émois antarctiques. Le site d’hivernage se situe au Cap Royds, sur les bords de la mer de Ross. A la fin de l’hiver, Mawson et deux autres hivernants réussissent une incroyable expédition de 2000km et atteignent le pôle sud magnétique. Un autre groupe atteindra le sommet de l’Erebus (3794m). En octobre 1908, Shackleton et 3 de ses hommes lancent leur expédition vers le pôle sud géographique. Ils s’arrêteront à 180 km de celui-ci, épuisés et à bout de vivres, leurs poneys ayant succombés dés le début du raid. Ils reviendront tous à bon port, après une expédition de 3000 km. Ils retournent alors en Angleterre.
Amundsen atteint le pôle sud fin 1911 et Shackleton change alors ses objectifs en relevant le défi de la première traversée transcontinentale antarctique, de la mer de Weddell à la mer de Ross, avec le pôle sud comme point central. L’Endurance et l’Aurora font alors route vers les sites respectifs précédemment cités, début 1914, à l’aube de la 1ère guerre mondiale. Le navire de Shackleton, l’Endurance, est rapidement pris dans les glaces de la mer de Weddell. Après un hiver coincé dans la banquise, le navire éclate sous l’effet de la pression des glaces et coule le 21 novembre 1915, laissant, hommes, chiens et matériel sur une zone très instable : le pack dérivant. Commence alors l’une des aventures les plus extraordinaires qui soit. Shackleton et ses 27 hommes dérivent et campent sur des floes pendant plusieurs mois et, en avril 1916, mettent leurs 3 chaloupes à l’eau. Ils gagnent l’île de l’Eléphant après un périple des plus audacieux en mer. La plage où ils débarquent leur fournit une maigre pitance à base de Manchots papous et de quelques pinnipèdes. Fin avril, l’anglais choisit 5 hommes pour l’accompagner vers la Géorgie du Sud, où ils pourront rejoindre une station baleinière et revenir secourir ceux de l’île de l’Eléphant. Les 6 marins mettront 16 jours, pour parcourir dans une chaloupe rafistolée les 1480 km qui les séparent de la Géorgie du sud, traversant l’océan le plus démonté du globe. Ils arrivent alors sur la côte est de l’île, lessivés, épuisés, déshydratés, gelés et affamés. Il leur reste encore à traverser l’île d’est en ouest pour rejoindre les stations baleinières du côté opposé. Ils y arriveront le 20 mai 1916. Un navire est rapidement réquisitionné pour aller sauver ceux de l’île de l’Eléphant. Il y parvient le 30 août. Tous sont sains et saufs. Shackleton a réussi l’exploit de sauver tous ses hommes alors que jour après jour, tout semblait les condamner. En mer de Ross, l’équipe de l’Aurora sous les ordres de Mackintosh perdra 3 hommes (dont Mackintosh lui même) et le navire, criblé d’avaries regagne la Nouvelle-Zélande. Il reviendra chercher les survivants en 1917. Shackleton décède le 15 janvier 1922, à bord du Quest, lors de sa 4ème et dernière expédition en Antarctique. S’il n’a jamais réussi à parvenir au bout de ses exploits, il a toujours su garder tous ses hommes en vie, au prix de nombreux sacrifices personnels. Ses derniers mots parlent d’eux-mêmes: "What do you want me to give up now?".
Douglas MAWSON (1882-1958)
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Douglas MAWSON (1882-1958)
C’est comme géologue que Mawson est embauché par Shackleton en 1907 pour leur première expédition commune en Antarctique. Il se distingue alors en atteignant le pôle sud magnétique lors d’une expédition de 2000 km avec 2 autres compagnons d’hivernage. Un véritable exploit !
A son retour, Mawson décide de monter ses propres expéditions pour explorer et cartographier les côtes antarctiques revendiquées territoire australien ainsi que la Terre Adélie. Il part en 1911 d’Hobart, le port de toutes les expéditions qui font route vers la partie est de l’Antarctique. Une hutte est érigée à Cap Denison. L’Aurora quitte les hivernants en janvier 1912 et met cap à l’ouest pour laisser une seconde équipe hiverner sur une autre partie australienne du continent, à 2500 km de l’équipe de Mawson. Ce dernier se rend rapidement compte de l’erreur de son choix de site d’hivernage : Il s’agit de l’endroit le plus venté de toute la planète, avec des vents moyens de plus de 150 km/h et des pointes qui dépassent 300 km/h. L’hiver se passe et forces explorations parviennent tant bien que mal à cartographier une vaste partie de la côte antarctique est, des données qui font encore références aujourd’hui. A la fin de l’hiver, Mawson et 2 de ses coéquipiers partent en traîneau vers les glaciers de l’est. L’un des protagonistes, Ninnis, disparaît dans une crevasse avec ses chiens, son traineau et les vivres. Les 2 survivants, Mertz et Mawson, doivent rentrer au plus vite à Cap Denison, distant de 500 km. Les chiens qui restent sont mangés au retour mais cela ne suffit pas à nourrir le suisse Mertz qui décède vraisemblablement de malnutrition. Malgré de terribles souffrances et des conditions climatiques effroyables, Mawson parvient à rejoindre la base le 1er février 1913 où ses anciens compagnons ne le reconnaissent pas. Le navire de ravitaillement vient alors de repartir. Un nouvel hiver passe, à l’issu duquel Mawson rentre enfin en Australie. Il organisera par la suite d’autres expéditions sur les mêmes secteurs antarctiques. Douglas Mawson est aujourd’hui un véritable héro en Australie, réputé pour ses qualités humaines mais aussi scientifiques. Il s’agit avant tout d’un chercheur plus que d’un explorateur en quête de notoriété.